

Francette Winston
Né(e) le 23 janvier 1976 à Saint-Claude Rencontré(e) le 4 juillet 2015 à Pointe-Noire, Guadeloupe. Dans la catégorie : Portraits-
La première fois que j’ai vu jouer Francette, c’était le 18 mars 2015, dans le cadre de mon travail de journaliste, pour le quotidien guadeloupéen France-Antilles.
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Ce soir-là, au hall des Abymes, se tenait un match de championnat opposant la MJC, l’équipe championne de l’archipel, à la Luciole de Pointe-Noire, le club de coeur de Francette.
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Plus que ses 27 points, meilleur total du match, plus que son shoot rapide et précis, ce qui m’avait marqué ce soir-là chez la capitaine et leader de l’équipe pointe-noirienne, c’est la volonté, l’envie qui se dégageait de son jeu.
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Malgré la redoutable défense des expérimentées abymiennes (finalement victorieuses, 58-66), Francette virevoltait.
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Près de quatre mois après notre première rencontre, je retrouve Francette à Pointe-Noire, dans le sud-ouest de l’île. Nous nous donnons rendez-vous sur le playground de ses débuts, situé à quelques mètres du gymnase de la ville, où cohabitent La Luciole et l’EDO, les deux clubs locaux.
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Pour la petite histoire, c’est sur ce terrain que Mickaël Gelabale, le polyvalent ailier de l’équipe de France, a lui aussi réalisé ses premiers dribbles. Dans un coin du terrain, un graff rend d’ailleurs hommage à l’ex-joueur des Sonics de Seattle.
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« J’ai commencé à jouer à l’âge de 6 ans », confie Francette. « Mes premiers souvenirs ? » Elle sourit, réfléchit longuement. « C’était toujours à la Luciole, à l’école de basket. À chaque fois, on venait me chercher pour m’entraîner, puisque je n’étais pas vraiment inscrite. Mais j’avais un ballon tout le temps à côté de ma maison, parce qu’il existait un terrain de basket pas très loin de chez moi. Les encadrants du club me disaient : « viens participer à l’école de basket ! » C’est comme ça que ça a commencé. »
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« Moi, je suis locale Pointe-Noire ! », se marre Francette. Logique, donc, qu’elle respire basket, dans une ville où ce sport tient une grande place dans le coeur des habitants. « Ici, à un moment, on avait même une banderole dans le gymnase : « la ville du basket ». Elle n’y est plus. Avec les rénovations, ils l’ont enlevée. Je ne sais pas ce qu’ils ont fait avec. C’est parti. »
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La passion de Francette, elle, est restée. « J’ai 39 ans et ça ne s’est jamais arrêté, c’est vrai. Seulement au moment où j’ai décidé de fonder ma famille », explique la maman de Luidgy, 13 ans, et Lovely, 7 ans.
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« Mais sinon, sportivement parlant, j’ai toujours été une passionnée de basket. Je n’ai pas trop touché à d’autres sports. Mis à part peut-être faire un petit peu de natation, de marche, de course à pied. Mais ça c’est des trucs personnels, pour un apport pour la basket, toujours. »
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Que représente la basket dans sa vie ? « Je pense que je suis adepte du sport en général. Bon, je suis passionnée de basket, je me sens bien dans mon élément quand je joue au basket, mais j’ai l’impression que c’est vraiment du sport dont je suis une adepte. Puisque même chez moi, quand je ne suis pas sur le terrain à pratiquer, je n’ai pas d’autres chaînes à regarder que les chaînes de sport. C’est vrai, quel que soit le sport, je suis toujours intéressée : regarder les finales, regarder les athlètes, tout ça, ça m’intéresse. »
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Petite, rien ne la prédestinait au basket. « Non, c’est vrai, ça n’a pas été une question de famille ! Ma mère n’est pas basketteuse, mon père n’a pas été basketteur, je n’ai pas eu de frère basketteur, ni de soeur basketteuse. Et je suis plus grande que mon cousin (Mickaël, meneur à l’USR, club de Sainte-Rose), donc ça ne vient pas de lui. »
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Francette ne met pas longtemps à se remémorer ses premiers modèles dans ce sport. « Jordan ! », s’exclame-t-elle sans hésiter. « J’ai toujours apprécié Jordan. Avec le numéro 9 (celui de la Dream Team), puis le numéro 23. Quand je l’ai vu avec le numéro 9, je me suis dit « ouuu, il faut que je joue ce numéro ! » C’était un repère pour moi. C’était Jordan, il fallait que je fasse comme lui. »
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« À La Luciole, j’ai joué avec le 9 pendant longtemps. Jusqu’à mon départ pour le Cygne Noir (club situé à Baillif, dans le sud-ouest de l'île), où une joueuse le portait déjà. Et quand je suis revenue à la Luciole, j’ai pris le 7. » Pourquoi le 7 ? « Le 7, comme Francette ! », rigole-t-elle.
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Je l’interroge sur son style de jeu, authentique. « J’ai plutôt un basket simple. Je ne cherche pas à trop en faire, mais à faire quelque chose de sûr. J’essaye d’avoir un bon basket. Technique. J’essaye, hein ! Tout en sachant que… il faudrait que je te précise quelque chose, surtout. C’est-à-dire que je n’ai jamais, jamais… » Elle s’interrompt, puis reprend. « J’ai un basket « Francette ». Pourquoi je dis ça ? Parce qu’à la Luciole, on n’a jamais eu vraiment eu des techniciens pour nous apprendre à jouer au basket. On a toujours eu des bénévoles, comme ça. Des gens qui savent, qui regardent le basket, donc ils essayent de nous montrer quelques gestes de basket. Mais apprendre à jouer, c’est venu de moi. Je n’ai pas eu de technicien pour m’apprendre à jouer au basket. »
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« Oui, ça m’a manqué », admet Francette. « Pourquoi ? À un moment, on a pu avoir Miguel Gelas (entraîneur originaire de Guadeloupe, qui coache actuellement aux États-Unis) avec nous. Je crois que c’était il y a deux ans. On allait participer à une finale de playoffs. Il est venu sur quelques entraînements. Et là, j’ai vu que ce n’était pas pareil. Quand je m’entraînais, ce n’était pas la même chose. Je me disais : « Mais si j’avais eu ces intervenants, ou si j’avais eu un technicien, je ne jouerais plus en Guadeloupe. » »
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Tandis que nous parlons, son fils Luidgy, champion benjamins l’an dernier avec la Luciole, dispute une partie de 3x3 avec ses potes sur le terrain d’à côté.
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Une chose me saute instantanément aux yeux : sa gestuelle de shoot est la même que celle de sa maman.
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Je demande à Francette d'appeler Luidgy pour une photo-souvenir.
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Avant de conclure l’interview, je demande à Francette s’il existe un proverbe qui lui revient souvent à l’esprit. « Je ne sais pas… « Méfiez-vous de l’eau qui dort ! » » Elle rigole. « Il y a un truc que j’aime aussi, comme proverbe. » Elle réfléchit quelques instants. « Attends, attends, il faudrait que je te le dise, hein, parce que j’aime bien… C’est « Il ne faut jamais dire fontaine, je ne boirai pas de ton eau ». Ça, j’aime bien. Pourquoi, je ne sais pas ! Mais j’aime bien, comme « méfiez-vous de l’eau qui dort ». »
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Je lui fais remarquer qu’il est toujours question d’eau. Francette sourit, son visage s’illumine. « Oui, je suis verseau… », me répond-elle du tac au tac, tout en réalisant la coïncidence.
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Nous rejoignons Luidgy et ses amis sur le terrain d’à côté. Francette pose, entourée de ses petits. C’est l’heure de faire un 3x3. Je suis content, je vais jouer avec Francette.