

Manu Augusta
Né(e) le 5 mars 1989 à Villeneuve-Saint-Georges Rencontré(e) le 5 novembre 2014 à Goyave, Guadeloupe. Dans la catégorie : Portraits-
Pour réaliser ce portrait, je tenais à ce que Manu m’emmène sur le playground du Plateau, là où il a commencé le basket. Aux Abymes, dans la ville où il a passé une grande partie de sa jeunesse. C’est finalement à Goyave, l’une des villes d’adoptions de ce globe-trotter de la vie (et du basket) que nous nous sommes retrouvés.
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"C’est ma grand-mère, Gitane, qui m’a mis un ballon dans les mains la première. Quand j’étais petit, je faisais du foot. J’avais 5-6 ans. Mon petit cousin Dwayne, lui, faisait du basket. Ma grand-mère m’emmenait toujours sur le terrain de basket, à la MJC des Abymes, avant de m’emmener au foot. Moi, je regardais, mais bon, voilà… Un jour, elle m’a donné un ballon et m’a dit : « Vas-y, va jouer avec eux ! En plus tu es grand… » Mon cousin était content, parce que j’allais jouer avec lui. J’ai été performant tout de suite, j’arrivais à bien manipuler le ballon. Du coup, je suis resté avec mon cousin. Au début, il me mettait des 12-0. Après, ça a bien évolué. Maintenant, c’est moi qui lui met ! (Il rigole.) Mais oui, tout ça, c’est grâce à ma grand-mère. Son nom est marquée sur mon épaule gauche. Celui de mon autre grand-mère, Léonie, sur mon épaule droite."
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Après avoir joué dans différents clubs de Nationale en Métropole, Manu joue aujourd'hui dans le championnat de 1re division de Guadeloupe, au club de Gourbeyre, l'AOG. L'an dernier, il évoluait au New Star, à Pointe-à-Pitre. L'une de ses plus belles expériences basket, il l'a vécu en minimes. "J’étais capitaine de la sélection de Guadeloupe. On est parti au GuyMarGua (tournoi interligues entre la Guyane, la Guadeloupe et la Martinique), en Guyane. Une expérience de ouf !
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« J’ai grandi aux Abymes, à Grand Camp. J'ai commencé le basket là-bas, en club, à la MJC. J’y ai fait beaucoup de playground, aussi. Après, avec mes parents, on a déménagé sur Petit-Bourg, puis sur Goyave. Mais moi, je voulais rester aux Abymes, là où mon père et ma mère travaillaient. J’étais à l’école là-bas, je jouais au basket là-bas. »
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« Mon père m’accompagnait très tôt le matin, les mercredi et dimanche. Je restais des heures et des heures sur un terrain. Je m'en souviens très bien. Mon premier coach, c'était Fanette, la maman d'Haudrick Hilaire (basketteur formé à la MJCA). On faisait des swé avec des potes, je ne voulais pas que mon père arrive ! Des fois, je changeais de terrain juste pour ne pas qu’il me trouve, et que je puisse jouer avec les grands. »
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« Ce que représente le basket dans ma vie ? Tout ! Sans basket, je ne peux pas. Je ne peux pas rester chez moi à rien faire. Tu vois, on est assis là, et mes jambes sont en train de bouger... »
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« Devenir basketteur, ça a été mon objectif depuis tout petit, il n’y avait pas d’autres options pour moi. En primaire, quand on me demandait quel métier je voulais faire, je répondais basketteur. Je m’embrouillais avec mes parents : ils me disaient : « c’est pas un métier ça ! » Je disais « Maman, je veux faire basketteur et rien d’autre. » Ce truc, c’est un kif, ça me fait vivre. J’étais un peu hyperactif, nerveux. Le basket m’a un peu canalisé. »
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Comme beaucoup de basketteurs, Manu a grandi avec des modèles. « Déjà, Marc Judith, qui joue aujourd’hui à Nanterre. Ce gars-là, ça a été mon modèle quand je suis arrivé à Challans. Il m’a pris sous son aile. Il me levait le matin, on allait shooter tous les deux. On restait des heures à la salle. C’est un bosseur acharné. Il m’a contaminé avec ça. Des fois, il avait eu match la veille, je l’appelais pour aller shooter, et il ne me disait jamais non. Quand il arrivait, avec des yeux bouffis, il me disait « je suis rentré tard ce soir, j’ai eu match hier. » Mais il venait, à chaque fois."
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« Allen Iverson m’a marqué, aussi. Si tout le monde faisait la même taille, le meilleur joueur au monde, ce serait lui, obligé. Y’a pas photo. Si Shaquille O’Neal faisait sa taille, il boufferait Shaquille O’Neal. Personne peux le test, que ce soit athlétiquement, dans le jeu, dans les décisions, niveau « corones »… Et puis Paul George. Un gars super sobre, qui défend dur. Il gagne ses duels en défense, et en attaque, il est décisif. Il ne force pas, il a un jeu clair. C’est un peu l’opposé d’Iverson. Mais ces deux styles de jeu me conviennent. »
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Manu me parle aussi de Rodrigue Beaubois, l’ancienne pépite du New Star, contre qui il a eu l’occasion de jouer, plus jeune. « Rodrigue, c’est pas ma génération, il est un peu plus vieux que moi. Je ne comprenais pas comment il faisait pour être talentueux comme ça. Le gars, depuis poussins, pfffff… Il était trop facile. J’ai jamais vu un gars comme ça. Souvent, il y a des gars qui sont forts petit, et après, c’est fini. Pas Rodrigue : petit, il était fort, il finit en NBA, il est fort... »
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« Ce que j’aime le plus ? » Manu rigole avant de répondre, comme un enfant qui avoue une faute. « Shooter. J’ai beaucoup travaillé mon shoot. Mon coach à Challans venait me chercher le midi, 500 shoots par jour. En cadet, j’étais tout maigre - entre 16 et 17 ans, je faisais 1,83 m pour 58 kg. Shooter était ma seule option, même si j’avais beaucoup de dribble. Quand on me mettait un coup d’épaule, je tombais… Le coach m’a fait bosser mon shoot, il m’a pourri pour voir si j’allais baisser les bras.. Quand je suis arrivé sur le terrain et que ça rentrait, punaise… La confiance, là, après… »
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Manu me montre 'El látigo', l'un de ses dribbles favoris, celui de la légende serbe Dejan Bodiroga.
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Cette photo, à mes yeux, symbolise parfaitement la façon d'être de Manu. Celle de quelqu'un de souriant, positif. Avant de terminer l'interview, je lui demande quelle est sa devise. Il me répond du tac à tac, avant de me montrer son tatouage : "Never Give Up ! Ne jamais baisser les bras, il faut rester debout". Gitane n'aurait pas dit mieux...